Mais je ne résiste pas à apporter quelques précisions sur l'objet central du billet de Jean-Marie, à savoir cette omniprésence du je. Que l'on soit pro ou anti-Sarkozy, la perception d'un discours personnel est sans doute assez évidente. Les uns diront "discours volontaire", les autres "discours égotiste et narcissique". Je ne rentrerai pas dans ce débat, et me contenterai de quelques remarques méthodologiques.
Que nous apprennent les statistiques ? J'avais commencé à effleurer le sujet dans une série de billets :
Je vous invite à les relire, mais comme ils sont un peu longs et que j'imagine qu'il y a parmi vous des gens pressés, je vous en donne un résumé. Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, Nicolas Sarkozy n'utilise pas je, moi, me etc. plus que Ségolène Royal. Mieux, si l'on prend tous les présidents de la Ve République, on note un accroissement de la présence du je au fil des années, avec un sommet pour François Mitterand, champion absolu du discours personnel (ce n'est pas de Gaulle, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer). La courbe redescend ensuite, et on voit que Nicolas Sarkozy utilise moins je, en moyenne, que Jacques Chirac. Je remets le graphique ici par commodité (il y a aussi plus de détails dans un excellent livre ;-)
Pour en revenir au discours analysé par Jean-Marie, ce fameux discours de Périgueux, le je est le 11e mot le plus fréquent (il faudrait pour être tout à fait précis ajouter les 8 occurrences de j', mais cela ne change rien au fond). Mais cela ne représente malgré tout que 16 mots sur 1000, donc une fréquence plutôt modérée si on le compare à ceux de Ségolène Royal ou aux présidents de la Ve. On notera au passage la présence du mot veux (et donc de la fameuse association dont je parlais à l'instant).
Freq | Mot |
402 | de |
395 | la |
229 | l |
210 | est |
206 | les |
199 | à |
186 | le |
185 | et |
170 | que |
157 | qui |
129 | je |
125 | des |
120 | d |
115 | pas |
94 | pour |
93 | c |
87 | ne |
87 | une |
83 | en |
76 | république |
70 | elle |
68 | un |
67 | dans |
66 | n |
64 | il |
63 | qu |
56 | veux |
54 | par |
53 | france |
53 | on |
J'en retiens une belle illustration de ce qu'ont toujours répété mes maîtres en la matière, Charles Muller, Etienne Brunet et autres : les chiffres en eux-mêmes ne nous disent rien. La lexicométrie ne prend son sens que par la comparaison (de textes, d'auteurs, de genres, etc.).
En tout cas, merci Jean-Marie d'avoir ravivé ce débat !
PS
J'en profite pour vous signaler quelques jolis travaux sur Obama, que j'ai mis dans mon flux Delicious, mais n'ai malheureusement pas eu le temps de commenter :
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