On croyait le tricot passé de mode. Funeste erreur. Le dernier classement Wikio a créé une petite tempête en propulsant Froufrou et Capucine en 2e place, devant Techcrunch ! Nombre de geeks frustrés ont dû admettre avec plus ou moins de fair-play que c’était un passe-temps en pleine expansion (excellent résumé chez Thierry Roget et bonnes analyses chez Hypos, Fredzone, Narvic, etc.).
De fait, les blogs sur les loisirs créatifs sont littéralement en train d'exploser. Martine Silber a émis une hypothèse intéressante : ils remplacent peut-être bien une presse spécialisée disparue. Il fut un temps où cette image de femme tricoteuse exaspérait les féministes, mais si je lis bien Olympe, il me semble que ça s’apaise.
Il est vrai qu’au départ, le triquot n’était guère un instrument pour les faibles femmes, puisqu’il désignait familièrement un gourdin… C’était donc un proche parent de la trique ! Tricoter n’avait pas du tout le sens pacifique que nous lui connaissons : c’était littéralement rosser quelqu’un à coups de bâton. Avoir maille à partir avec quelqu’un pouvait vous valoir une tricotée, comme on disait alors (la maille n’était pas celle du tricot, c’était une monnaie valant un demi-denier, et partir voulait dire partager). De fil en aiguille (si l’on peut dire), tricoter s’est mis à vouloir dire sauter, danser en remuant beaucoup les jambes. Le tricotage désignait d’ailleurs l’action de remuer les jambes dans une situation bien particulière et plutôt horizontale, vous me comprendrez à demi mots… C’est cette idée de mouvement rapide qui a fait appliquer le mot, vers le XVIè siècle, au va et vient des aiguilles de ces dames.
Quelques siècles plus tard, les geeks l’ont en travers, et Froufrou (ou est-ce Capucine ?) leur fait un clin d’oeil amical en dédiant l’un de ses billets à la « révolution des tricoteuses »... Malicieuse Froufrou ! Les Tricoteuses ont eu leur moment de célébrité dans l’Histoire de France. Sous la Terreur, le Tribunal Révolutionnaire a besoin de faire légitimer son activité par les citoyens, et incite les femmes du peuple à s’installer dans les tribunes, où elles ont le droit de tricoter. Elles ne se privent cependant pas de perturber les débats, d’arroser les accusés d’insultes et de propos orduriers, y compris sur le trajet des charrettes jusqu’à l’échafaud. Elles se livraient même à de tels excès qu’on les a surnommées les « Furies de la guillotine ».
Les féministes peuvent se rassurer : les tricoteuses ne sont pas nécessairement des femmes soumises... Ca risque de chauffer dans la machosphère !
Bravo les filles. Je jubile (comme l’a deviné Narvic).
Monday, April 13, 2009
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment